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Contemplation est la première partie du projet ORANGE O’. Elle se décompose en six œuvres musicales, chacune abordant une thématique qui lui est propre, mais toutes étant étroitement liées les unes aux autres par un fil conducteur : la contemplation d’un monde, monde dans ce qu’il a, peut-être et peut-être non, mais je crois oui de pire. Ce monde ; le nôtre. Monde en perte de sens, de repères, de temps, d’avenir.
Contempler et vivre le vertige devant tant d’effondrements, fussent-ils collectifs ou intimes. Les liens qui se brisent, les rêves qui se meurent, la violence que l’on sait que l’on voit que l’on commet parfois. Celle qui nous prend et trop souvent nous guide, souvent trop loin, toujours nulle part.
Nulle part de viable. Ni pour nous ni pour personne.
Mais alors que reste-t-il?
Au premier abord, Contemplation peut sembler une démarche mal déguisée de son auteur de tirer avec lui ses semblables au coeur de ses propres tourments. Comme se faire prendre par la tête et se faire maintenir grands ouverts les yeux sur un spectacle des plus laids. “Vois.” souffle-t-il alors. “Vois comme je vois. Maintenant que tu as vu comme je vois, toi aussi, abandonne tes espoirs. Ne vois-tu pas que plus rien n’est possible. Tout se meurt sous nos yeux.”
Il y a sans doute quelque chose de vrai. Mais alors que reste-t-il?
Celleux que l’on nomme à tort collapsologues lorsque leur plus grand défaut aux yeux d’un monde abreuvé au déni n’est que d’être de fins observateurs auraient bien des pistes de réponse à offrir, fussent-elles qu’il ne restera rien.
Et c’est peut-être au fond la seule question qui compte. Que reste-t-il lorsque tout s’effondre?
Contemplation ne prétend pas y répondre. Mais Contemplation est né et s’est construit sur les bases d’une émotion conductrice qui, à travers le temps et mise au service de fins nobles, a maintes fois permis de mettre à genoux les tyrans et rebâtir sur leurs corps. Il s’agit de la colère et bien de la colère mais ni la colère noire ni la colère saine - qui peut encore prétendre ce qui est sain ou non - mais la colère lucide. Celle dirigée vers ceux qui, bien incapables d’admettre l’avoir créée, s’étonnent qu’elle puisse simplement s’exprimer et se retourner contre eux.
Contemplation n’est pas un repli. C’est un regard arrêté. Une tentative de ralentir assez pour sentir. De rester présent à ce vacillement. Si tout s’effondre, nous y trouverons peut-être du beau. Ce qu’il reste à sauver. Et nous tâcherons de nous assurer que les responsables restent pris sous les décombres.
Alors nous les contemplerons.